Tout va très bien, Madame Algérie la Marquise
Nous vivons dans une société algérienne exquise
Où aucune réelle compétence n'est requise
Où nulle indépendance productive n'a été conquise
Nous nous contentons seulement d'une consommation acquise
Nous brillons par notre ignorance et notre heureuse bêtise
Nous cultivons une culture algérienne qui s'islamise
Un art de vivre empreint d'une mentalité soumise
Une pensée archaïque qui nous abêtise
Un mode de vie oriental qui nous abâtardise
Une personnalité schizophrénique qui se psychiatrise
Un chômage endémique qui perdure et s'éternise
Une inoccupation qui nous enkylose et nous fainéantise
Un avenir incertain qui sous nos pieds s'évaporise
Une vie de vacuité qui chaque jour nous dévalorise
Une politique au programme démocratique qui jamais ne se réalise
Une économie qu'aucune activité productive ne concrétise
Une campagne électorale qui de moins en moins mobilise
Une république présidentielle qui se monarchise
Un pays déchiré qui chaque jour se divise
Un pays qui a troqué son dinar pour la devise
Cette devise que la bourgeoisie a mal acquise
Qu'elle accumule et jalousement monopolise
Qu'elle transfère vers le paradis occidental qu'elle idéalise
Vers l'investissement immobilier qu'elle divinise
En lieu et place du Livre vert qu'elle méprise
Même si elle feint la croyance qu'en vrai elle ridiculise
Par sa pratique religieuse qui vénalement s'affairise
Pendant que le peuple sombre dans l'indigence et se clochardise
Et s'abime dans la léthargie qui dévirilise
Cette forme de vie qui à force d'assistanat émasculise
Qui par sa persistance débilitante animalise
À tel point que toute l'énergie de l'Algérie se dévitalise
Mais cette vitalité se perpétue par la femme que la société méprise
Que la religion a toujours voulu que devant le mâle elle s'infériorise
Qu'elle s'efface devant l'homme qui toujours martyrise
Cette moitié de humanité qui nous féconde et nous humanise
Qui grâce à l'éducation qu'elle nous prodigue on se réalise
Qui par la grâce de sa douceur on se sensiblise, sentimentalise
Par sa gracieuse urbanité toujours prégnante nous civilise
Qui par l'amour maternelle qu'elle nous infuse on se romantise
L'avenir appartient à la femme cette créatrice qui nous éternise
Cette moitié de l'humanité au pouvoir qui fertilise
Fecondatrice d'une nouvelle génération qui se modernise
Cette génération qui pour le progrès régulièrement se mobilise
Pour une Algérie débarrassée d'un passé qui l'immobilise
Une Algerie délivrée d'une conception de la vie qui la démobilise
Purgée d'une religion qui l'archaïse
Allégée du poids de la tradition qui la fossilise
Départie d'un système politique qui la paralyse
Délestée d'un système éducatif qui la pénalise
Dépouillée d'une classe politique qui la dévalise
Libérée d'une mafia parasitaire commerciale qui la vampirise
Une Algérie qui plus jamais religieusement nous terrorise
Ni politiquement nous tyrannise
Ni philosophiquement nous crétinise
Qui ne s'en prend plus à l'intellectuel qui conscientise
À l'intelligence qui émancipe et scientifise
Tout ira mieux bientôt Madame Algérie la Marquise
La vieille Algérie dérive comme une Banquise
Mais la nouvelle pointe à l'horizon sa figure Exquise
Mesloub Khider