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Opération de modernisation de l'islam ou simple modération de l’islamisme ? 

 

Depuis quelques temps, dans un contexte marqué par la discréditation de l’islamisme, amplifié par l’assassinat de Samuel Paty, ce professeur français tué et décapité par un fanatique islamiste, nombre d’intellectuels surannés et d’idéologues enturbannés, familiers des rédactions de la presse écrite ou des plateaux télé, et surtout abonnés aux mosquées musquées au salafisme masqué, s'activent à cultiver une rhétorique religieuse sertie de pépites modernistes pour mieux nous vendre leurs arguties islamiques rénovée, importées pourtant, depuis toujours, du même désert persique, qui aura été tout juste capable de façonner une civilisation en sable et une religion de sabre. Leurs discours opportunément modérés sont relayés par certains médias convertis à la nouvelle religion islamique désireuse de se mettre en harmonie culturelle avec les valeurs républicaine, démocratique et laïque de la France.  Ou en concordance institutionnelle avec les instances gouvernementales pour ce qui est des pays musulmans, notamment l’Algérie. En d’autres termes, ils veulent troquer le qamis-savates contre le costume-cravate.  

Ainsi, après s’être noyés dans un éthylisme islamiste scélérat, ces islamistes purs jus prétendent vouloir se sevrer de cette addiction salafiste létale au moyen d’une cure d’abstinence intégriste. Après s’être réveillés de leur griserie islamiste avec la gueule de bois, pour ne pas subir l’ultime volée de bois vert, éviter qu’on leur plante le dernier clou dans leur funeste cercueil doctrinal, ils tentent de se refaire une virginité avec leur phraséologie modernisée de langue de bois. C’est leur ultime planche de salut.  

Leur mission affichée mais nullement réfléchie : la modernisation de l'islam. Autrement dit, selon leur modèle de pensée outrancièrement « wahhabisé », il faut comprendre : la modération de l'islamisme. La différence est capitale, comme est capitale la peine encourue pour quelque libre penseur contrevenant à la doxa islamique. Il s’agit d’une velléité de décaper le corpus coranique de ses protubérances caractérielles, non de décapiter le corps sociologique islamique de l’espace public. C’est une opération de dépoussiérage idéologique circonstancielle, non un nettoyage sociétal radical (qui va à racine du problème). Hors de question d’initier un mouvement de sécularisation, de démarcation entre le religieux et le sociétal, de reflux de la religion vers la sphère privée, de relégation du religieux dans le champ personnel intime.   

A plus forte raison (toujours islamique, il va de soi ou plutôt il va de foi, car la raison islamiste repose exclusivement sur la foi hissée au-dessus de la loi…constitutionnelle et scientifique, tenue en mépris), il n’est nullement question d'adaptation du corpus coranique à la société moderne. Nulle question d'une refonte radicale de l'islam. Il s'agit simplement d'une greffe rhétorique moderniste sur un champ sémantique largement et profondément islamisé ; d’une autoplastie théologique artificielle sur un islam depuis longtemps cultuellement lacéré et idéologiquement macéré.  

L'opération est vouée à l'échec. L’organisme théologique immunitaire de la société communautaire viscéralement islamisée développerait infailliblement des résistances, des anticorps pour neutraliser les agents modernisateurs sécrétés par les bouleversements sociétaux profanes. Le « peuple intégriste » maudit les pâles copies. Il continuera à s'abreuver aux mêmes sources islamistes déversées par les multiples canaux acheminés directement depuis les pays du Golfe via les pipelines salafistes télévisuelle, médiatique et livresque.  Sans oublier les réseaux sociaux soucieux du salut de l’âme méphistophélique de leurs fidèles. Gare à l’islam frelaté de contrebande. La distillation clandestine de cet islam de contrefaçon hautement toxique dans le corps social peut produire des ravages au plan moral et comportemental : un coma de l’éthique. 

Comme l’a écrit je ne sais quel auteur : dans la religion (salafisée), c’est la « défonce » qui est recherchée, la drogue cultuelle dure. Aussi, ces fanatiques sevrés de force de leur drogue salafiste, trouveraient-ils toujours un moyen de se fournir en opium islamiste via la filière clandestine orientale contrôlée par les pays du Golfe, cette région productrice de « l’or narcotique vert », le véritable carburant des musulmans, infusé dans leur mécanique cérébrale au fonctionnement considérablement ralenti faute d’alimentation en matière grise, cette production neuronale littéralement désinvestie. 

Plus gravement, ces shootés de l’islam frelaté pourraient développer un delirium tremens (salafistus), une forme sévère du syndrome de manque de salafisme qui peut conduire au décès (des proches d’abord, trucidés par la rage meurtrière des islamistes-dépendants chroniques, puis de ces derniers par suicide martyrologique). 

En Algérie, après la suppression de l’alcool dans certaines wilayas d’Algérie au nom des principes « spirituels islamiques », nombre d’adeptes des spiritueux ne se mirent pas à consommer l’eau plate, mais à s’enivrer à l’alcool à brûler, le fameux Zombretto.  

De manière générale, le "peuple islamiste" illuminé, avec sa foi de charbonnier qui électrise son ténébreux cerveau religieusement survolté, préfère, pour éclairer sa lanterne obscurcie, s’illuminer à la lumière blafarde du salafisme. Se contenter de croire sans comprendre.  Consommer sans prêter attention à la qualité de l’enseignement religieux et à l’origine de fabrication cultuelle. Aussi, dans toutes les dérives islamistes, peut-il exciper de sa croyance en son irresponsabilité théologique. Ni responsable, ni coupable des dérives islamiques.  

En réalité, cette intempestive entreprise de refondation, actionnée sous l’effet de la sanglante actualité, vise à moderniser l'islamisme, non à réformer l'islam. N’est pas Philosophe des Lumières qui veut ! 

Cela revient à vouloir récrire un texte au propre avec les mêmes termes identiques sur la même page de brouillon. Le résultat serait cacophonique, catastrophique. Le nouveau texte saurait-t-il se frayer un chemin au milieu des lignes des pages de brouillon gribouillées rageusement, sous l’effet d’une fulgurante inspiration divine. Saurait-t-il se distinguer du salmigondis graphique.  

On ne peut pas s’attendre à une lumineuse refondation ou prodigieuse Renaissance avec un fanatique musulman saisi de peur panique à la pensée d'ouvrir une nouvelle page d'histoire modernisée. Qui plus est terrifié à l’idée de jeter à la poubelle (de l'histoire) certaines pages théologiques gâtées par le temps religieusement fanatisé, corrompues par les griffonnages sanglants islamistes. Il préfère se borner à réécrire l'histoire sur la même page de brouillon originelle "salafisée", entachée d’attentat à la rationalité. À force d'user du même brouillon, les islamistes se condamnent à vivre la tête dans le brouillard, à ingurgiter le même indigeste islamique bouillon.  

Quand bien même leur « islam light » aurait-il l'emballage d’un l’islam certifié religieusement purifié, n'ayant subi aucune avarie cultuelle par les forces obscurantistes salafistes contemporaines, un œil rationnel averti percerait à jour immédiatement la supercherie doctrinale et l’imposture théologique.  

L'islamisme n'est pas soluble dans l'islam. L'islamisme a trop radicalement phagocyté l'islam pour permettre à l'islam de se refaire une virginité sans devoir répudier certaines thématiques salafistes belliqueuses puisées directement du Coran, notamment la sacralisation de la violence, la légitimation de la misogynie, l’islamisation violente de l’espace public. Faute d'un divorce radical d'avec l'islamisme, accompagné de la mise au rebut du patrimoine idéologique islamiste commun aux deux entités longtemps partagé ensemble, acté officiellement par un corpus théologique reconnu universellement, la séparation n'aurait aucun impact libérateur et salvateur sur l'islam supposément engagé dans la rénovation, l'innovation, la modernisation.  

 

En vérité, ce ne sont pas quelques réformes doctrinales ou opérations esthétiques sémantiques des textes coraniques qui pourraient impulser un début d’un commencement d’une initiation à une refondation des comportements cultuels, une reconfiguration mentale de la société islamique. C’est plutôt, pour employer un terme d’une virale actualité, la « distanciation intellectuelle ».   

Pour prendre l’exemple des pays développés, du fait de la sécularisation depuis longtemps inscrite dans le fonctionnement rationnel de la société, avec la « distanciation intellectuelle » adoptée dès l’enfance épargnée, par ailleurs, de l’endoctrinement religieux, personne ne songerait raisonner, délibérer, régir sa vie sur le fondement de la religion. La « distanciation intellectuelle » avec le fait religieux est la règle de conduite principale adoptée par l’ensemble de la population, en guise de gestes barrières socialement homologuées, afin d’éviter la propagation de la virale doctrine religieuse réputée pour sa létalité en matière de liberté de conscience et du droit d’expression.   

A contrario, dans les pays musulmans, avec BAC +8 affiché sur son curriculum scolaire, l’individu, dans sa vie sociale comme lors des discussions censément rationnelles, continue, dans un esprit fataliste, à proférer en guise d’argumentation les mêmes litanies séculaires éculées : « Incha Allah », « bi haouli Allah », « kama qalla errasoul » ; ou, pire, à psalmodier compulsivement les éternels versets ou hadiths à titre d’argument d’autorité (autoritaire), pour clôturer (cloîtrer la réflexion) la discussion.    

Au vrai, dans ce débat sur la modernisation de l’islam, on se trouve devant une aporie. En effet, aucune rationalisation, ni révolution scientifique n’ont transformé les mythologies et autres croyances supranaturelles en catégories de pensées modernes. Dans l’histoire, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit : quand la mythologie ou la religion domine, la rationalité recule, les sciences s’effacent. L’obscurantisme triomphe. 

Aussi, est-il vain de vouloir rationaliser le texte coranique, tenter de modifier le message originel du coran, d’impulser une interprétation modernisée des textes islamiques. C’est une aberration épistémique. L’éventuelle évolution ne viendrait pas de la tentative vaine de modification des textes coraniques, par essence intangibles, mais de la transformation de la perception des personnes, elle-même impulsée par la transformation radicale des rapports sociaux de production. Dans son livre « Sur la Question juive », Marx a écrit : « Aussi ne disons-nous pas aux juifs, avec Baller : vous ne pouvez être politiquement émancipés, sans vous émanciper radicalement du judaïsme. Nous leur disons plutôt : c'est parce que vous pouvez être émancipés politiquement, sans vous détacher complètement et définitivement du judaïsme, que l'émancipation politique elle-même n'est pas l'émancipation humaine. Si vous, juifs, vous désirez votre émancipation politique sans vous émanciper vous-mêmes humainement, c'est que l'imperfection et la contradiction ne sont pas seulement en vous, mais elles sont inhérentes à l'essence et à la catégorie de l’émancipation politique ». Cette approche de Marx sur la question juive nous semble applicable à la « Question islamique ».  

L’émancipation politique transite par la désaliénation religieuse islamique, première étape vers l’émancipation humaine universelle. 

Après l’éveil à l’esprit libre, chaque idéologie religieuse n’est plus un miracle mais un mirage. 

 

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